[Décryptage] : Qu’est-ce qu’une « panne d’un train » ?

En gare ou à bord d’un train, vous avez peut-être déjà vécu une perturbation en raison de la panne d’un train. Je vous explique ce qui se cache derrière cette expression.

La fiabilité et la disponibilité du matériel de la ligne A s’est considérablement améliorée ces dernières années avec la disparition des MS61 en 2016 et des MI84 en 2017. Avec désormais 100 % de trains à deux niveaux de conception moderne, les pannes se font plus rares qu’autrefois mais n’ont pas disparu. C’est pourquoi j’ai choisi de faire pour vous un panorama du sujet.

Comment une panne se détecte ?

Tout d’abord, il faut savoir que les trains de la ligne A suivent un plan de maintenance poussé afin de garantir votre sécurité, la durabilité du matériel roulant et le moins de pannes possible en ligne.

Mais parfois une panne va survenir en pleine ligne, avec des voyageurs à bord du train. Avec ses 600 tonnes à vide, ses 224 mètres de long et jusqu’à 2 600 voyageurs, il est compliqué d’appeler une dépanneuse comme le ferait tout un chacun lors d’une défaillance sur sa voiture.

C’est alors qu’entrent en jeu les conducteurs de vos trains. En effet, dans le cadre de leur formation à la conduite des trains ainsi que tout au long de leur carrière, les conducteurs bénéficient de modules ayant pour but de leur apprendre à résoudre les pannes, qu’on appelle dans le domaine ferroviaire des avaries. La survenance d’une avarie est détectée par le conducteur grâce à son boitier de signalisation (l’équivalent des voyants du tableau de bord d’une voiture) et de ses consoles d’aide à l’exploitation (l’équivalent de l’ordinateur de bord d’une voiture). Lorsque quelque chose d’anormal se produit, vont s’allumer une lampe sur le boitier de signalisation et/ou un voyant sur les consoles d’aide à l’exploitation. Le conducteur sait alors qu’il va devoir réaliser une ou plusieurs actions pour retrouver une situation normale ou a minima pouvoir débloquer le train et repartir avec parfois des restrictions d’utilisation.

Boitier de signalisation d’un Mi09.

Le traitement d’une avarie

La majeure partie du temps, le conducteur va pouvoir résoudre l’avarie du train en quelques instants, sans même que vous ne vous en rendiez compte, grâce à la manipulation rapide de certaines commandes dans la cabine de conduite. Mais dans d’autres cas, la panne va persister et nécessiter que le conducteur entame une procédure de résolution de l’avarie, on dit alors qu’il « applique le guide ».

Le guide en question, dénommé plus exactement guide de dépannage, regroupe toutes les procédures permettant aux conducteurs de résoudre les avaries pouvant survenir sur le train. Dès que le chef de régulation au CCU est informé de la nature de la panne du train et de la nécessité d’appliquer le guide de dépannage, il va prendre des mesures de régulation, plus ou moins importantes en fonction de la panne détectée. Cela peut être transparent pour les voyageurs si le train stationne dans une gare avec plus de deux voies, les trains pouvant alors se dépasser, ou a contrario entraîner une perturbation du trafic avec des ralentissements, voire une interruption des circulations en dernier recours. Les mesures sont prises en fonction de la nature de la panne, les chefs de régulation, également aptes à la conduite et à la résolution des avaries, pouvant estimer la durée de stationnement du train en cause. Lors du traitement de l’avarie, le conducteur va devoir réaliser plusieurs actions, par étapes, qui lui sont prescrites par le guide de dépannage afin de résoudre le problème qu’il rencontre. L’avarie peut être résolue rapidement, sans que le conducteur n’ait besoin de sortir de sa cabine. C’est le cas d’une grande partie des pannes, grâce à une conception du train concentrant le contrôle des organes pouvant générer une panne dans la cabine de conduite et à un guide de dépannage aux procédures optimisées.

Dans d’autres cas, le conducteur va devoir quitter sa cabine pour intervenir sur le train dans le but de résoudre la panne. On dit alors qu’il se rend « à pied d’œuvre » vers la localisation de la panne afin d’y réaliser une action de résolution.

Une fois la procédure terminée, le guide de dépannage va prescrire au conducteur les instructions à suivre pour reprendre sa marche. Les deux options sont la poursuite du trajet avec des voyageurs, toutes les conditions étant réunies pour garantir votre sécurité, ou l’évacuation des voyageurs et le départ haut-le-pied, c’est-à-dire sans voyageurs, vers la position de garage la plus proche, le train n’étant plus apte à circuler avec des voyageurs ou risquant rapidement de présenter à nouveau une panne similaire ou plus importante qui pourrait causer d’importantes perturbations.

Et en dernier recours ?

Je vous le disais au début de cet article, il n’existe pas de dépanneuse spécifique aux trains du RER A pour enlever rapidement un train ne pouvant plus rouler. Toutefois, lorsque l’application du guide de dépannage n’a pas permis de retrouver une situation permettant au train avarié de reprendre sa marche, le conducteur va alors effectuer une « demande de secours ».

La demande de secours, procédure utilisée en dernier recours, consiste à amener un train fonctionnant correctement et à le coupler (c’est-à-dire l’atteler, l’attacher) au train ne fonctionnant plus afin de le remorquer. La mise en place de cette procédure est très longue car nécessitant un grand nombre d’actions manuelles à réaliser pour isoler les systèmes de sécurité et de freinage du train avarié afin de permettre au train fonctionnant correctement de pouvoir effectuer le remorquage.

Le train avarié ne pouvant plus rouler (à gauche) vient se faire secourir par un train fonctionnant correctement (à droite).

Vous l’avez certainement déjà remarqué, les trains de la ligne A sont en réalité 2 trains (appelés éléments) couplés ensemble, ce qui explique qu’ils peuvent être plus courts en soirée. C’est exactement le même principe qui est utilisé pour la demande de secours, à la différence qu’au lieu d’enlever un élément, on va en ajouter un ou deux, portant la composition du train à 3 voire 4 éléments, soit un train pouvant atteindre 448 mètres. Or le matériel n’est pas prévu pour rouler ainsi dans des conditions normales. La demande de secours va donc, en plus de la mise en place de toutes les procédures de sécurité préalables à la mise en mouvement du convoi, imposer une circulation à vitesse réduite pour atteindre une position de garage ou directement les ateliers de maintenance.

Voilà, vous savez désormais tout sur les pannes de train ! N’hésitez pas à me poser des questions en commentaire.

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