[RETOUR SUR INCIDENT] Rail cassé de Châtelet–Les Halles

Lundi à 7h00, un incident a mis à mal la circulation jusqu’à 13h10. Vous vous demandez comment un rail cassé vers Châtelet–Les-Halles peut perturber la ligne aussi longtemps ? Je vous explique tout.

A 5h30, un défaut de signalisation apparaît. A 6h45, le diagnostic est fait : le rail est en cause. Une limitation temporaire de vitesse à 10 km/h est nécessaire, alors qu’on passe bien plus rapidement à cet endroit d’habitude, ce qui a entraîné des allongements de temps de parcours et donc une réduction du débit des trains. L’impact est tel que la réparation du rail ne pourra pas attendre la nuit suivante. A 10h20, les mainteneurs sont prêts à intervenir pour changer cette portion de rail, le trafic est donc interrompu.

Un rail cassé, c’est quelque chose qui parle à tout le monde, mais derrière ce terme, plusieurs significations peuvent se cacher :

  • Le rail est fissuré droit (en « coupe franche »), c’est-à-dire sur la largeur : il n’est pas totalement rompu, mais son état impose une vérification et qu’une éclisse (élément qui permet de fixer en elles les deux parties du rail sectionné) soit posée en attendant qu’une véritable réparation soit effectuée plus tard, lorsque les trains ne circulent plus. Une limitation de vitesse des trains qui l’empruntent peut tout de même être nécessaire.
  • Le rail est fissuré en « baïonnette », c’est-à-dire sur la longueur : cette situation demandant plus de temps, une simple éclisse en attendant la réparation n’est pas suffisante, il faut donc obligatoirement arrêter le trafic pendant plusieurs heures afin de changer la partie endommagée.

Le rail est habituellement parcouru par un circuit de courant faible qui permet de déterminer si un train passe sur ces rails ou non. Lorsqu’un train passe, il modifie ce circuit, ce qui permet de déterminer que cette portion est occupée. Lorsque la zone apparaît comme occupée alors qu’aucun train n’est censé être à cet endroit, on fait intervenir une équipe afin de déterminer la cause du défaut (en fait, on cherche ce qui modifie le circuit à la place du train). Cela peut être dû, dans le meilleur des cas, à une paillette de métal qui s’est déposé à un mauvais endroit ou un signal défectueux mais aussi malheureusement à un rail fissuré/cassé. Vous l’aurez compris, un rail fissuré empêche le circuit de fonctionner et il en découle que la voie est anormalement considérée occupée par le système et que la signalisation n’autorise plus le passage des trains.

Lundi matin aux abords de la gare de Châtelet–Les Halles, le rail s’est fissuré en « coupe franche ». En temps normal, une fois la fissure repérée, une intervention avec pose d’éclisse suffit. Mais le sort s’est acharné. Le problème, c’est que cette fissure s’est produite près d’un appareil de voie et que le rail, à cet endroit, est juxtaposé à un contre rail de sécurité. Il a donc fallu retirer cette pièce pour ensuite réparer.

Cette intervention prenant beaucoup de temps, les équipes de maintenance ont décidé, non pas de poser une éclisse, mais de remplacer purement et simplement la portion de rail.

Pour répondre à une question qui est souvent revenue sur Twitter ce lundi : oui, ce rail a bien été changé récemment. En effet, le rail fait l’objet d’opérations de renouvellement tous les 2 à 5 ans dans Paris lors des travaux de nuit tout au long de l’année alors que le chantier RVB d’été permet d’effectuer des opérations bien plus lourdes de renouvellement des appareils de voie et du ballast. Lundi, le rail a cassé juste à côté d’une soudure entre une portion de rail droit et un appareil de voie. Les soudures sont un point de fragilité connu qui font d’ailleurs l’objet de vérifications mensuelles. Je rentrerai prochainement un peu plus dans les détails techniques pour que tout le monde comprenne mieux toutes les opérations de maintenance mises en œuvre pour rendre les infrastructures les plus fiables possibles.

Cette journée noire s’il en est, n’aura pas seulement vu un rail cassé car d’autres causes sont venues s’ajouter aux problèmes de la ligne : une forte affluence en répercussion de l’incident, donc des malaises ainsi que 3 incidents sur les branches de Cergy et Poissy.

Ces situations ne sont agréables pour personne, nous en sommes pleinement conscients. J’en ai d’ailleurs moi-même fait les frais étant en direction de l’Est à ce moment. Train bondé, stationnement prolongé, je ne peux que comprendre l’agacement des voyageurs à cet instant. Comme vous le savez, nos services techniques font le maximum pour intervenir au plus vite et permettre la reprise de la circulation dans les meilleurs délais. Nous avons, cependant, pleinement conscience des difficultés que vous avez rencontrées dans votre trajet ce lundi et nous vous présentons toutes nos excuses.

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commentaires 6
  1. Hemderveve dit :

    Merci pour cet article précis.
    La communication est la clé. Rien n’est infaillible, tout le monde le comprend quand c’est expliqué.

  2. Satsat94 dit :

    Bonsoir,

    C’est inadmissible, une véritable honte ! Il n’y a pas un jour où aucun problème ne soit à déplorer sur cette ligne.
    Me concernant, c’est un calvaire pour rejoindre Paris depuis la branche « Boissy St Léger », sans parler du retour le soir…. Il arrivera un jour où des passagers ne se contiendront plus à cause de vous….: et là, quelles excuses évoquerez-vous ?

    Alors franchement, pour résumer et rester correcte : je n’en ai que faire de vos sempiternelles excuses ! Mon Navigo est et restera prélevé tous les mois sans problèmes techniques.

    Cordialement

  3. Merci pour ce moment dit :

    Bonjour,
    Merci pour ces explications. Mais qu’en est-il pour mardi soir, mercredi soir, jeudi matin ? Rail cassé également ?
    Bonne journée.

    • Pépiniériste dit :

      Tout le monde est capable de comprendre un incident isolé qui peut entraîner un vrai b….l pendant une demi-journée. C’est évidemment le caractère répétitif des incidents qui pose problème alors même que les sempiternels travaux de l’été (et du soir et des week-ends…) sont supposés apporter des améliorations dont on ne voit pas la trace. D’autres villes (Beijing par exemple) présentent des taux de ponctualité/fiabilité sans rapport avec le système parisien qui est devenue une véritable honte…

  4. Ienka dit :

    Bonjour, comment cela se fait il que la fissure n’ait pas été détecté par vos équipes de maintenance avant que cela ne cause cette perturbation ? C’est le travail de ces quipes de détecter ce genre de choses, me trompe je ?

    • Aurélie dit :

      Bonjour,

      Une rupture peut se produire d’un coup suite à une trop grande fatigue du rail. La fatigue peut être liée à plein de facteurs différents comme n’importe quelle pièce métallique qui pourrait travailler dans un tout autre environnement. Nos équipes vérifient les voies de façon cyclique. Ces vérifications se font de plusieurs manières pour détecter les anomalies, à pieds ou via des trains de mesures. En fonction de ce qu’on constate, on fait le nécessaire avant d’arriver à une rupture. Cependant, entre deux vérifications, il peut se passer des choses dans le rail et une rupture peut survenir.

      Bien à vous,
      Aurélie

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