Ah bon, on réchauffe les aiguilles? Mais… pourquoi ?

Vous faire découvrir l’envers du décor, fait partie de mes ambitions pour ce blog. J’ai découvert que les aiguillages (ou les aiguilles, c’est la même installation) ne pouvaient pas fonctionner quand il fait très froid… Mais alors, comment fait-on pour diriger les trains en hiver ? Eh bien, c’est possible, et en toute sécurité, grâce au système de réchauffage des aiguilles !

Comme je l’ai expliqué dans mon billet de présentation -publié lors du lancement de ce blog en novembre-, il y a quelques mois encore j’étais comme vous, juste cliente du RER A. Aussi, ce que je vous fais découvrir à travers mes billets, je le découvre moi-aussi au fil de mes visites tout au long de la ligne.

Cela fait maintenant 4 mois (déjà !) et je continue bien évidemment à apprendre des choses tous les jours, même si je connais de mieux en mieux l’envers du décor et que j’ai identifié, désormais, mes interlocuteurs pour pouvoir répondre à vos questions. Et il y en a : déjà plus de 1000 commentaires ont été publiés en tout sur le blog depuis son lancement !

Un bouton dédié

Récemment, en passant au Poste de Commandes et de contrôles Centralisé  (PCC) de Vincennes, j’ai ainsi été étonnée de découvrir un bouton dédié au « chauffage des aiguilles » ! Cela peut sembler anecdotique, mais il m’a tout de même semblé intéressant de vous en parler, pour partager avec vous cette découverte et pour vous expliquer pourquoi on réchauffe les aiguilles et comment ça marche, justement. Je sais d’ailleurs que parmi mes lecteurs, il y a des personnes qui veulent aussi en savoir plus sur les coulisses du RER A.

 

Évidemment, c’est en hiver que l’on réchauffe les aiguilles, en fonction du bulletin météo. Nous sommes maintenant au mois de mars et l’on peut espérer que les beaux jours soient proches. Mais nous ne sommes jamais à l’abri de nouveaux épisodes de gel, malgré tout… D’ailleurs, c’est ce que disent aussi de vieux dictons populaires, que vous connaissez peut être si vous jardinez, comme le fameux : « Quand la saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré !« . Et la saint Urbain, c’est comme la sainte Sophie, c’est le 25 mai (pour ceux qui voudraient me la souhaiter ;)! Sans vouloir jouer aux oiseaux de mauvaise augure…

Donc, si les températures baissent encore dans les prochaines semaines et s’il gèle ou s’il neige, les opérateurs s’appuieront sur des instructions et un processus très détaillé pour faire circuler les trains en toute sécurité malgré le froid et malgré la neige : surveillance accrue des infrastructures, passage d’engins équipés de lames racleuses, vérification régulière des rails, protection et diminution de la vitesse des trains, déneigement/salage des quais et accès des gares…

Pour en savoir plus sur le plan grand froid, vous pouvez d’ailleurs consulter le billet de Jennifer sur le blog de la ligne L, en cliquant ici. Les mesures sont sensiblement les mêmes pour la SNCF et la RATP.

 

Un système indispensable pour les aiguilleurs

Et le réchauffage des aiguilles dans tout ça ? Eh bien quand il fait froid, les aiguilles qui sont en métal, comme les rails peuvent se bloquer, tout simplement. Et si les aiguilles se bloquent, alors on ne peut plus diriger les trains…

Du coup, c’est un petit cordon chauffant, une pièce métallique placée au niveau des aiguilles et qui peut avoir différentes tailles, selon la taille de l’aiguille elle-même, qui permet de chauffer le système.

Sur la ligne, il y a 8 postes d’aiguillage en tout. Il y a un poste de commande des aiguillages centralisé à Vincennes, sauf pour les branches Cergy et Poissy. Il y a donc également un poste d’aiguillage à Sartrouville, quatre autour d’Achères, un à Cergy-St-Christophe et un à Poissy.

Tous les ans, à l’automne, une campagne de vérification est effectuée pour s’assurer du bon fonctionnement de ce système qui peut être réparé très rapidement en cas de problème.

Néanmoins, s’il fait vraiment très froid et que le réchauffage ne suffit pas, par exemple, ce sont des agents qui devront se déplacer sur le réseau pour libérer l’aiguille de son emprise de glace avec l’aide d’un chalumeau. C’est d’ailleurs comme cela que l’on procédait il y a seulement une trentaine ou une quarantaine d’années, les anciens cheminots me l’ont confirmé.

Alors, après avoir lu ce billet, vous êtes d’accord : c’est un vrai sujet le réchauffage des aiguilles, n’est-ce pas ?!

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commentaires 14
  1. freeman dit :

    Sujet intéressant merci.

    Ce qui m’inquiète toutefois c’est la vétusté du PCC…Les vieux boutons et les manettes font grave peur…On se croit plus en 1980 qu’en 2017…

    • wedge dit :

      Je pense que la photo du haut vient d’un des postes côté SNCF, et donc pas du PCC de Vincennes que j’ai pu visité lors de journées du patrimoines, et qui n’avait aucune de ces « vieilles » commandes.

      • Sophie dit :

        J’ai pris la photo dans l’un des postes d’aiguillage d’Achères, je vous le confirme. La photo du PCC est celle du bouton plus bas dans le texte.

    • Nicobcn (Cergy-Le Haut) dit :

      Si vous regardiez l’âge des radars qu’utilisent les contrôleur aériens vous seriez effrayé également! Tant que le matériel est bien entretenu ça ne pose pas de problème 🙂

      • Sophie dit :

        Pour être plus précise, il s’agit du poste d’aiguillage dont la zone de responsabilité est située entre le Pont des Ambassadeurs et la zone de triage d’Achères. Comme le souligne Nicobcn, si l’installation peut sembler un peu rustique (c’est un poste d’aiguillage qui date des années 60), il est bien entretenu et très fiable. Ainsi des centaines de trains sillonnent quotidiennement dans cette zone!

  2. Hoy3 dit :

    Bonsoir Sophie,
    Passionnant billet mais je me dois de vous reprendre sur un terme:
    L’aiguille est un dispositif mobile de l’appareil de voie. Ce que vous qualifiez de « aiguillages » sont en fait des appareils de voie.
    En langage cheminot, (ou passionné, c’est le meme) l’aiguillage désigné la manœuvre de changement de voie du train.

    Bonne soirée 😉

  3. Brijoudu93 dit :

    Sujet fort intéressant merci et pourquoi ne pas s inspirer également de nos amis canadiens qui ont des températures autrement plus froides que les nôtres et dont les transports ne s arrêtent pas au premier flocon ❄️ ou à la première bourrasque ?

    • Oche dit :

      « les transports ne s’arrêtent pas au premier flocon ou à la première bourrasque »,d’où sortez vous ça? Si vous ou une de vos connaissance empruntez régulièrement les transports là-bas, l’argument est recevable.
      Les médias français ne publiant pas les conditions de circulation routière, ferroviaires, ect… en Amérique du Nord, il est pas facile de savoir comment ça se passe effectivement avec la venue de l’hiver.
      Les seules fois ou on en entend parler, c’est lors des grandes tempêtes de neige (centaines de vols annulés, automobilistes bloqués…). Et pour les trains, ils sont beaucoup moins utilisés qu’en Europe (y compris dans les réseaux de banlieue des grandes villes), donc les désagréments touchent certainement moins de monde.

  4. Brijoudu93 dit :

    Et comme freeman je suis atterrée par la vétusté du PCC

  5. M-ric dit :

    C’est pas grâce à des bruleurs à gaz que le dégivrage des rails et des aiguillages se fait normalement?

    • Sophie dit :

      Bonjour M-ric,

      En effet, certaines aiguilles sont équipées du réchauffage électrique, mais pas toutes (notamment sur des voies de service). Pour les autres, on réchauffe bien les aiguilles au chalumeau!

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